La location immobilière à la pêche !

Alors que la vente dominait le marché immobilier depuis plusieurs années, le marché locatif se montre désormais plus dynamique. Acheter nécessite en effet une épargne de base, aujourd’hui mise à mal par l’augmentation du coût de la vie. Résultat : des ventes qui ralentissent face à un marché locatif qui s’envole.

En une année, on observe une transition nette de l’achat vers la location immobilière en Belgique. Celle-ci s’est en effet enflammée avec, selon certaines agences, deux fois plus de biens loués et des loyers 10% plus chers.

Selon le baromètre des notaires, les ventes immobilières ont quant à elles reculé de 15,2% en 2023, tandis que les prises de locations ont bondi sur la même période.




Pourquoi les locations ont-elles explosé ?



Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs :


  • La hausse des prix de l’immobilier. A l’heure actuelle, il est quasi impossible, pour les jeunes ménages, de devenir propriétaires. Ceux-ci se rabattent dès lors sur la location.
  • La hausse des taux d’intérêt.
  • La crise énergétique et ses conséquences. Les locataires qui ont vu leur facture flamber se sont mis en quête d’un logement plus performant d’un point de vue énergétique (les biens neufs et rénovés se louent aujourd’hui très rapidement). 
  • L’appauvrissement. De nombreux propriétaires ont été poussés à vendre leur maison par nécessité. La hausse du prix de l’énergie les a en effet contraints à libérer du capital. Ils se sont ensuite retrouvés sur le marché locatif ou ont acheté plus petit pour conserver leur niveau de vie (c’est surtout le cas dans les grandes villes). 
  • Les conditions d’octroi de crédit. Elles se sont durcies depuis 2020.
  • Les prix des matériaux. Ceux-ci ont flambé. Il en résulte des rénovations et des constructions neuves beaucoup plus chères qu’avant. Concrètement, le coût moyen par mètre carré construit a augmenté de 300 euros. Cette hausse s'est directement répercutée sur le prix de vente final. De nombreux projets ont ainsi été mis à l’arrêt. Par contre, les biens rénovés et bien commercialisés se vendent aujourd’hui très vite.
  • La mode du co-living. Il s’agit d’un espace de vie où chacun possède sa propre salle de bains et chambre, mais où les pièces de vie (salon, cuisine, buanderie...) sont partagées. Cette façon d’habiter touche surtout les personnes seules et les jeunes professionnels en milieu urbain. Il s’agit bien entendu d’une location et non d’un achat immobilier, puisque ces copropriétés sont le plus souvent de courte durée.
  • Davantage d’offres locatives. Celle-ci a été dopée, ces dernières années, par des investisseurs qui ont profité de taux d’intérêts très bas pour investir dans la brique.




Vendre ou louer son bien ?



Si le propriétaire a le choix, le mieux est, à l’heure actuelle, de louer son bien plutôt que de le vendre. En effet, le post-covid a dopé les ventes et vu les prix du marché s’envoler, mais la location a aujourd’hui retrouvé ses couleurs. Les agents immobiliers consacrent d’ailleurs plus de temps à la prospection du marché locatif, vu la forte demande.  




Haut de gamme, meublé et urbain 



Les biens bruxellois haut de gamme ont également le vent en poupe. En effet, les activités économiques ont repris depuis la fin des restrictions liées au covid, et les expatriés sont de retour en Belgique. A l’heure actuelle, la demande d’appartements meublés est même supérieure à l’offre. La capitale est de tout façon plus dynamique que la province sur le marché locatif : 80% des habitants y sont en effet locataires et seulement 20% propriétaires (c’est-à-dire environ l’inverse du reste de la Belgique).




Le marché locatif, une aubaine pour les investisseurs ?



La hausse des loyers est très alléchante pour les investisseurs, pour autant que le gouvernement ne taxe pas les revenus locatifs. D’après les experts immobiliers, la plupart des investisseurs attendraient la fin de l’année pour voir comment les choses évoluent. Ceci afin de s’assurer un rendement correct de leurs futurs investissements.




Quelques chiffres



  • D’après une étude réalisée par L’Écho en avril dernier, ERA Real Estate, (135 agences immobilières) a enregistré une hausse de 11% des locations immobilières cette année. Chez Century 21 (127 agences), elles ont bondi de 19,6%. Chez Trevi (32 agences), le nombre de locations a presque doublé (+94%) sur la période. Sur le segment moyen-haut de gamme, Latour & Petit a mentionné  une hausse de 22% du marché.
  • Les contrats de bail enregistrés auprès du SPF Finances ont progressé de 16% entre janvier 2022 et janvier 2023, de 3,7% en février et même de 17,8% en mars.
  • En début d’année, à Bruxelles, le prix moyen de la location est passé au-dessus de 1 000 euros, pour la première fois (1 100 euros précisément).